Édition originale : Los Sueños de la serpiente, Alfaguara, México, 2017

Les Rêves du serpent
Traduit de l’espagnol (Mexique) par Marianne Millon
Illustration de couverture : José Guadalupe Posada
À Mexico, de nos jours, un narrateur qui ne se nomme pas mais que l’on identifie très vite comme Alberto Ruy Sánchez rapporte qu’il reçoit des courriers énigmatiques, lettres, témoignages, poèmes souvent rédigés sur des cartes au dos desquelles figurent des dessins de fourmis, corbeaux et serpents, des collages, photos, etc.
L’une de mes sources d’inspiration formelles a été les blouses artisanales que l’on tisse en ôtant certains fils, dessinant ainsi des motifs à partir des trous qui en résultent. Les Rêves du serpent ressemble à une de ces blouses ajourées que l’on fabrique au centre du Mexique, où ce qui n’est pas là en dit plus long que ce qui est là.
Alberto Ruy Sánchez
L’identité de l’expéditeur, homme ou femme, ne figurant nulle part, il l’appellera « Silhouette », pensant que cette personne lui écrit d’une prison ou d’un asile. Un jour, on lui livre plusieurs cartons contenant des milliers de documents émanant tous de cette personne, peut-être un arrière-grand-père aujourd’hui centenaire émigré aux USA et dont la famille n’a plus jamais eu de nouvelles.
Le narrateur recouvre peu à peu les murs d’une pièce de son domicile avec ces documents, reproduisant ce « Palais de la mémoire » qu’Oliver Sacks a recommandé à son patient, d’après la méthode de Mateo Ricci, un jésuite italien du XVIe, destinée à récupérer la mémoire en attribuant un espace à chaque chose.
Peu à peu, une gigantesque mosaïque se dessine, diverses figures ayant réellement existé apparaissent, telles que Adolf Wolfli que Rilke et Cendrars ont lu, et Aloïse Corbaz, ayant comme lui subi l’internement en asile psychiatrique, la figure centrale étant Sylvia Ageloff, travailleuse sociale que Juan, alias John, alias Iván, alias Ioane rencontre lorsqu’il travaille aux usines Ford à New York avant de partir avec des milliers d’autres ouvriers en URSS où Ford a vendu son usine.
Fille de russes émigrés à New York, après leur séparation, elle rencontrera Ramón Mercader qui l’utilisera pour approcher Trotski et le tuer le 21 août 1940.
En 2018, Les Rêves du serpent a reçu la reconnaissance la plus importante décernée chaque année à un roman au Mexique, le prix Mazatlán.
Ce titre est le septième de notre collection autour du Mexique, Calaveras.
Marianne Millon est la traductrice, entre autres, de Taibo II, José Carlos Somoza, Wendy Guerra, Albert Sánchez Piñol, Inés Arredondo publiée en français aux Fondeurs de Briques.
Cette traduction a été publiée avec l'aide de la Maison de l'Amérique latine.
Citation d'Alberto Manguel
Les Rêves du serpent sont l’un des livres les plus distrayants, intenses et originaux que j’aie lus depuis longtemps...
C’est un chef-d’oeuvre. L’un des ouvrages les plus importants écrits en espagnol dernièrement.
Dessin de Martín Ramírez
Dessin d'Adolf Wolfli
Dessin d'Aloïse Corbaz
Luzbel, una realidad, collage de Àfrica Samperio Valdez de l'atelier Las Linternas, Santa Martha Acatitla, Mexique, collection de l'auteur
Rencontre avec Alberto Ruy-Sánchez en compagnie de sa traductrice Marianne Millon à l'occasion de la parution des Rêves du serpent à la Maison de l'Amérique latine le 6 octobre 2020
Notes de lecture de Sandrine Pot @L'ArchadesCarmes, 2 juin 2021
En lisant Les Rêves du serpent, j’entends les oiseaux devant l’eucalyptus, le bruit des voitures sillonnant la nationale. Je regarde la fourmi sur l’acanthe et celle de la page. L’une s’affaire, l’autre est immobile. L’une est un dessin sur la page, un signe noir qui saute aux yeux, dévie la lecture de son cours ; l’autre est vivante et m’ignore. [...]
A Mexico. Le délire d'une mémoire perdue à Mexico dans des milliers de documents envoyés au narrateur qui ne se nomme pas, et que l’on identifie comme Alberto Ruy Sánchez.
Une histoire d'internements, d'assassinat, de révolution, de figures dessinées à l'encre rouge de la révolution. De diverses figures ayant réellement existé, telles que Adolf Wolfli et Aloïse Corbaz, d'amours fous et impossibles, de trahisons capitales autour de la figure centrale de Sylvia Ageloff, fille de russes émigrés à New York, que Ramón Mercader utilisera pour approcher Trotski et le tuer le 21 août 1940.
Notes de lecture complètes sur : L'Archa des Charmes, Arles