Pour une poignée de sardanes
Couverture : Pascal Comelade
«Comelade, c'est l'artiste avec des lunettes pour voir la musique à poil.»
Ce livre n’est pas une biographie de Pascal Comelade ; celle-ci a déjà été faite, et bien, par Pierre Hild (Le Mot & le Reste, 2017). « C’est l’histoire d’une musique. C’est un instrumental. Qui ne cesse comme tant d’autres de me prouver qu’un instrumental n’est pas qu’une chanson privée de voix. C’est «Sardana Dels Desemparats», qui en catalan veut dire sardane des abandonnés. Comelade en a enregistré plusieurs versions tout au long de sa carrière et c’est autant de balises, d’instantanés de son parcours qu’il nous a laissés.»
À travers ce morceau, Marc Sastre déploie son oreille et son regard de musicien sur le recyclage de la musique traditionnelle par Pascal Comelade, et en particulier de la sardane, musique et danse catalanes. Sans tomber dans l’opposition facile mais réelle entre les gens du Sud et les centralisateurs parisiens, l’auteur retrace son vécu de cette musique et le replace dans un contexte géo-historique plus vaste. Il nous parle également de l’art de la reprise, de l’utilisation des instruments et des talents autodidactes.
Nourries d’entretiens menés en 2023 avec le compositeur-interprète, les réflexions de l’auteur sur la place de Pascal Comelade dans le paysage de la musique d’aujourd’hui nous conduisent au plus près d’un musicien résolument actuel, maître des 3 ou 4 temps qui propulsent sa ronde vers l’éternité du rêve.
Deux versions de la «Sardana Dels Desemparats», évoquées dans le texte, figurent sur le CD accompagnant le livre, ainsi qu’une douzaine de photographies.
EXTRAITS
«Musicien de la tangente, les cadres conventionnels l’indisposent. Il aime les enceintes à condition qu’elles soient ouvertes et qu’il puisse les relier entre elles. Il forme des groupes mais ils sont à géométrie variable. La maison Comelade dure et elle ne chute pas. Collaborations, complicités, amitiés, la liste des participants et des participantes est une galaxie. Musiciens pros, non pros, balochards, rockers, sardanistes, avant-gardistes, autodidactes ou lecteurs à vues. C’est un solitaire qui aime s’entourer.»
«J’écoute une sardane et je me dis “qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est Comelade ? Qu’est-ce qu’il fait Comelade ? C’est pas du rock. C’est de l’anti rock. Du rock faisant ce que le rock n’a pas osé faire : exhiber une part maudite dans la part maudite”. Alors oui, c’était quand l’un des nôtres l’avait jouée que nous l’avions prise au sérieux. Entendez par là : quelqu’un portant rouflaquettes et chaussures pointues, détenteur d’une certaine part d’américanité que nous avions en partage.»